Des dauphins et des enfants chez Pline le Jeune
Il y a, près de la colonie d’Hippone en Afrique, qui se trouve au bord de la mer, une grande étendue d’eau navigable […]
A tous les âges on pêche, on navigue, et on nage avec application, surtout les enfants, que le temps libre pour jouer y attire C’est la gloire et le mérite de s’avancer le plus loin : le vainqueur est celui qui s’éloigne le plus, à la fois du rivage et des compagnons de bain. Dans cette lutte, un certain enfant plus hardi que les autres s’éloigna encore plus loin. Un dauphin vint à sa rencontre, et tantôt passe devant l’enfant, tantôt le suit, tantôt tourne autour de lui. Enfin, il le prend sur le dos, le dépose, le prend à nouveau sur le dos, et l’emporte, tremblant, d’abord vers le large, peu après il infléchit sa course vers le rivage et le rend à la terre et à ses camarades. La rumeur circule peu à peu à travers toute la colonie : tous se hâtent, regardent l’enfant comme un prodige, l’interrogent, l’entendent, l’écoutent raconter.
Le lendemain […] les enfants nagent, parmi eux celui dont nous avons parlé, mais qui est plus prudent. Une nouvelle fois le dauphin vient et au même moment vient une nouvelle fois vers l’enfant […] Il en est ainsi le lendemain, le surlendemain, et les jours suivants […].
Surtout l’enfant qui en a fait l’expérience le premier nage vers le dauphin qui nage à ses côtés, saute sur son dos, est porté et rapporté, se croit aimé et reconnu, et aime aussi : aucun des deux n’a peur, ne fait peur : la confiance de l’un augmente avec la douceur de l’autre. Et aussi les autres enfants qui avancent en même temps à droite et à gauche l’exhortent et l’encouragent. Un autre dauphin avançait avec lui (ce qui est étonnant), seulement spectateur et compagnon. En effet, il ne faisait rien ni ne permettait rien de semblable, mais il menait et ramenait l’autre comme les enfants le faisaient avec leur camarade […]
Tous les magistrats affluaient pour voir le