Deuil et mélancolie
Par « abstraction », on peut entendre tout type de perte autre que la mort : perte de l'amour d'un compagnon, perte d'un emploi, fin d'un projet qui n'aboutira pas, perte de ses racines suite à un éloignement définitif de son lieu de vie... Freud cite même « la patrie, la liberté, un idéal ».
Lié aux circonstances de la vie, et non à la constitution du sujet, le deuil demandera un long travail psychique pour être surmonté.
Comment se manifeste-t-il ?
Freud identifie quatre symptômes du deuil : -Une humeur douloureuse -Un désintérêt pour le monde extérieur et tout ce qui ne se rapporte pas à l'objet perdu -Un abandon de l'activité -Une perte de la faculté de choisir un nouvel objet d'amour
Autrement dit, le deuil suscite un abandon du Moi, dû à une focalisation totale sur l'objet perdu.
Comment s'accomplit le travail du deuil « normal »?
Freud décrit le travail du deuil à partir de sa théorie des pulsions; théorie qui ramène toutes les formes d'attachement à un objet autour d'une énergie commune: la libido.
Le deuil est une « épreuve de réalité ». Le sujet a perdu un objet cher, et doit s'en détacher progressivement, le désinvestir, pour survivre. Le processus se déroule sur un temps long, et s'achève de lui-même, sans effort volontariste de la part du sujet, et sans que des soins soient indispensables, bien qu'il modifie profondément le comportement. Freud écrit même que « le perturber serait malsain » (cf 1, p. 45)
L'être humain n'abandonne pas facilement une position libidinale. Le réel se heurte donc d'abord à une résistance naturelle, qui peut se manifester par une « psychose hallucinatoire de désir ». C'est à dire que le désir se fige sur toute représentation possible du disparu (photo, objet quotidien...) qui prolonge