Dissertation langage
L’opinion commune affirme souvent que l’œuvre d’art aurait un sens à comprendre, délivré par l’auteur et qu’il s’agit de déchiffrer. Cette idée implique que l’art ait une fonction de communication ; il serait (entre autres) un moyen d’expression d’idées précises.
On peut donc se demander s’il existe un langage de l’art, c’est-à-dire un code commun à un groupe (qui serait le « monde de l’art », selon une expression communément utilisée), et qui permettrait à l’artiste de délivrer un message, une proposition à travers son œuvre.
D’abord, l’œuvre est-elle nécessairement porteuse d’un sens ? Affirmer une telle chose reviendrait en partie à réduire l’art à un simple outil de communication, et sous-entendrait qu’il doive avoir une utilité rationnelle. Or, le code commun compréhensible par tous est déjà un outil de communication et a cette utilité rationnelle. De plus, certains courants comme le surréalisme s’opposent radicalement à cette idée d’utilité rationnelle qui est indissociable du langage. Nous pouvons en conclure que s’il y a un langage de l’art, les propositions qu’il permet de formuler ne sont pas formulables au moyen de la langue (car sinon, pourquoi ne pas les exprimer plus directement par la parole ?) . Ce serait donc un langage qui ne serait pas nécessairement rationnel, et qui fonctionnerait sur un mode différent de celui de la langue. L’œuvre n’aurait donc pas toujours une signification précise et rationnelle, exprimable par la langue.
Il serait donc inutile de tenir un quelconque discours sur une œuvre, qui ne ferait qu’approcher sa réalité alors qu’elle serait elle-même en partie un discours. Or, il n’est peut-être rien qui ait suscité plus de discours écrits et oraux que l’art. Ces discours sont des lectures, des interprétations, des tentatives de trouver ou de donner un sens à l’œuvre dans le mode rationnel de la langue. Et ces discours sont souvent faits par des personnes du « monde de l’art », des