Dissertation partielle sur "L'Étranger" de Camus
Énoncé de départ : Démontrez que Camus illustre, dans cet extrait, le rapport à autrui toujours problématique, pour l’existentialiste.
Au premier abord, le lecteur sera en mesure de constater que le thème du rapport à autrui, toujours problématique selon les existentialistes, est illustré par le désaccord évident entre le prêtre et Meursault sur deux aspects de la situation vécue par ce dernier. D’une part, le prêtre ne semble pas comprendre la façon de penser du protagoniste par rapport à son existence. En effet, Meursault est athée ; il est donc persuadé qu’il n’y a pas de vie après la mort, et le prêtre n’arrive pas à concevoir qu’on puisse vivre avec l’angoisse fondamentale qui est nécessairement attachée à cette façon de penser : « Il m’a dit qu’il me plaignait. Il jugeait [le fait de vivre avec la pensée qu’on va mourir tout entier] impossible à supporter pour un homme » (l. 14-15). Du coup, le prêtre s’insère dans la catégorie de gens qui, toujours selon les existentialistes, fuient leur liberté totale en s’enfermant dans des croyances qui les sécurisent et les déresponsabilisent quant à leur existence. D’autre part, les deux hommes ne s’entendent pas sur la nature du crime de Meursault : l’un parle de « péché », tandis que l’autre parle plutôt de « culpabilité » : « Il m’a répondu qu[e la justice] n’avait pas pour autant lavé mon péché. Je lui ai dit que je ne savais pas ce qu’était un péché […]. J’étais coupable, je payais, on ne pouvait rien me demander de plus » (l. 23-26). Évidemment, il existe une différence fondamentale entre les mots « péché » et « culpabilité » : le premier réfère à la faiblesse de « l’essence » humaine (l’âme), alors que le deuxième présuppose l’engagement dans un acte délibéré et le fait qu’on en assume pleinement les conséquences. Ainsi, le prêtre prêche le « Dieu pardonne-lui, car il ne sait ce qu’il fait » et se range du côté de la société qui a