Dissertation, plaintes, charles cros
P l a i n t e
Vrai sauvage égaré dans la ville de pierre, À la clarté du gaz (1) je végète et je meurs. Mais vous (2) vous y plaisez, et vos regards charmeurs M’attirent à la mort, parisienne fière.
5 Je rêve de passer ma vie en quelque coin Sous les bois verts ou sur les monts aromatiques, En Orient, ou bien près du pôle, très loin, Loin des journaux, de la cohue et des boutiques.
Mais vous aimez la foule et les éclats de voix,
10 Le bal de l’Opéra, le gaz et la réclame. Moi, j’oublie, à vous voir, les rochers et les bois, Je me tue à vouloir me civiliser l’âme.
Je vous ennuie à vouloir le dire si souvent : Je mourrai, papillon brûlé, si cela dure …
15 Vous feriez bien pourtant, vos cheveux noirs au vent, En clair peignoir ruché (3), sur un fond de verdure !
Charles Cros, Le Coffret de santal, 1873.
1. Gaz : l’éclairage au gaz était alors une nouveauté, symbole de la modernité urbaine. 2. Le pronom « vous » renvoie à la femme aimée. 3. Ruché : orné d’une bande de dentelle plissée ou froncée.
Vous ferez le commentaire du poème « Plainte » de Charles Cros en vous aidant, par exemple, du parcours de lecture suivant : a) L’opposition de deux mondes incompatibles. b) La désillusion et la solitude du poète.
Introduction
Le poète, et