Docs Sur La Grand Guerre
A Le quotidien au front à travers une lettre de poilu
« Oise, le 1 Desanbre 1914
Cher parent, j'est reguardé la flanelle que vous m’avée renvoyée qui était sur moi ; depui un moi que je l’avet elle commençait à me devorée, elle était couvertte de pou, les plus louin se touche ; sa fesé peur de tan voir de la vermine : s'est tousse qui en son guarnie
; on cuche dans des trou, on diret un four ; la paile qui est dedan y est depuie un moi, s'est la que ont prant la vermine ; met le linge ne manque pas, je change souvent. Le froit en n'a gelé beaucoup la pouinte des pié ; au tranché il ne faut pas bougé dutou de endroit que reste imobile. Moi je avet mi du papier de journale dans mé soullier, je n'est pas bien eu froit. Cher parent l'hiver s' est pénible de rever à l'été. Ses jour si je est aprie de triste nouvelle: deux camarades qui sont été blessée acoté de moi, le 23 septenbre, sont mor à l’hôpital se jour si.
Cher parent je suis fier de pouvoir vous faire savoire ses deux ou troi mots aprait avoir passé ou je est passé : voir de pauvre cuamarade, coupé les bra, coupé les guanbe, perssé les côte, dotre coupé les main, des autres anlevée la moitié de la têt. Cher parent je remerssi Dieu qui m'a bien guardé jusque mintenant. »
(orthographe respectée ; Archives Départementales du Puy de Dôme, J 966 ; cité par CHAULANGES, MANRY et SÈVE,
Textes historiques, 1914-1945, 1970)
B Faim et déshumanisation
« Depuis huit jours, les corvées de soupe ne reviennent plus. Elles partent le soir à la nuit noire et c'est fini, elles se fondent comme du sucre dans du café. Pas un homme n'est retourné. Ils ont tous été tués, absolument tous, chaque fois, tous les jours sans aucune exception. On n'y va plus. On a faim. On a soif. On voit là-bas un mort couché par terre, pourri et plein de mouches mais encore ceinturé de bidons et de boules de pain passées dans un fil de fer. On attend que le bombardement se calme. On rampe jusqu'à lui.
On détache de son