Dreyffus
A l’extrême fin du siècle, la France c’est d’abord l’affaire Dreyfus. Certes, le mouvement ouvrier n’a pas oublié ses objectifs, la conquête coloniale se poursuit, l’alliance est franco-russe est réaffirmée.
Mais c’est autour de « l’Affaire » que s’organise un débat d’une durée et d’une intensité exceptionnelle, et que se joue l’avenir politique de la République. La société française nous y révèle ses goûts, ses fantasmes, ses passions…
1) L’affaire avant l’Affaire 1894-1897
L’arrestation de Dreyfus, 15 octobre 1894
● Fin septembre 1894 apparaît au service de renseignements français, dirigé par le colonel Sandherr une « lettre-missive » annonçant à l’attaché militaire allemand de Paris, von Schwartzkoppen, l’envoi de document militaires français confidentiels. Ce bordereau était très vraisemblablement l’œuvre du commandant Esterhazy, comme il le reconnaîtra.
● Les soupçons se portent, dès octobre, sur les officiers d’artillerie en stage à l’Etat-Major. Le commandant du Paty de Clam, fort d’une expertise en écriture, mais faible d’une autre, organise le 15 octobre l’arrestation du capitaine Alfred Dreyfus, officier brillant mais de famille juive, d’origine alsacienne, dans un milieu élitiste où les israélites étaient très rares.
Et sa condamnation, 22 décembre 1894
● Le procès s’ouvrit le 19 décembre, à huit clos, devant le premier conseil de guerre. Les présomptions restaient fondées sur le seul bordereau, et Alfred Dreyfus avait tout nié (aucun motif éventuel de trahison). Poussé par la presse qui exige un châtiment, le ministre de la Guerre communique illégalement au président du tribunal un « dossier secret » composés de faux forgés par Sandherr et le commandant Henry.
● 22 décembre : Dreyfus, déclaré unanimement coupable, condamné à la déportation à vie, et subit en janvier la cérémonie de la dégradation militaire.
Le « frère admirable »
● Alfred Dreyfus et sa famille n’avaient pas perdu confiance. Sa sœur Lucie écrit tous azimuts,