Ecole des femmes
Agnès. : Pupille d’Arnolphe. Il faut étudier le personnage d’Agnès dans son évolution. Evolution remarquable et rapide de la jeune gourde à la femme émancipée. Explicable certes par sa naissance qui l’a dotée d’intelligence, par son absence d’éducation qui a maintenu jusque là son intelligence en sommeil. Elle est naïve, puis elle découvre l’amour, le droit d’aimer et d’exister, le plaisir et la liberté de s’affirmer. Néanmoins cette évolution est difficilement vraisemblable en si peu de temps. Les critiques en reprocheront à Molière l’invraisemblance. C’est oublier qu’on est au théâtre. En effet le théâtre est un concentré de vie, d’émotions ; ce n’est pas la vie dans son déroulement linéaire, facteur de lente maturation psychologique.
Arnolphe : père adoptif d’Agnès
Riche bourgeois qui vient d’être anobli. C’est un tyran domestique. Il ne croit pas à l’amour au début. Pour lui, la femme est une menace, il a peur d’être cocu. Il veut dominer sa future femme et veut qu’elle soit aussi idiote que possible. Mais Arnolphe va finalement découvrir l’amour après avoir tout fait pour l’étouffer.
Trois visages d’Arnolphe se superposent : • Le barbon jaloux, figure du ridicule. • L’homme qui tombe éperdument amoureux et souffre profondément. • Le monomaniaque, obsédé par le cocuage, monomaniaque utopiste qui veut, contre tout et tous affirmer que son système est le bon
Mais ce type comique du barbon ridicule va bien au-delà du stéréotype et possède déjà dans ses différentes facettes une psychologie complexe loin du personnage de farce ou de commedia dell’arte.
La vision d’un Arnolphe monomaniaque, qui se découvre amoureux sur le tard mais qui veut avant tout avoir raison et est incapable de reconnaître son erreur de jugement, place le personnage dans la longue liste des monomaniaques moliéresques. Nous sentons bien là, en dépit de la diversité de sa dramaturgie, une des constantes du théâtre de Molière : stigmatiser par le rire l’erreur d’un