C'était au tour de Gouget de battre le marteau. Il lança un regard à Gervaise avant de commencer. Il était d'une lenteur extrême comparé à Bec-Salé qui lui avait exécuté son travail très rapidement pour montrer à la blanchisseuse qu'il savait y faire avec Dédèle. Gouget faisait de grands gestes absurdes. Bec-Salé pensait que Fifine et Gouget semblaient danser d'une manière ridicule. Ils étaient forgerons, pas danseurs, donc il n'était pas utile à Gouget d'en faire autant avec Fifine. Bec-Salé lui battait Dédèle sans ménagement, mais sans beaucoup de force non plus à cause de l'alcool qu'il avait dans le sang. Mais cela n'avait pas d'importance du moment qu'il faisait son travail. Gervaise avait une façon de regarder Gouget au travail comme si elle allait se jeter sur lui à tout moment. Mais Bec-Salé se disait qu'elle devait aussi l'avoir regardé comme cela quand il travaillait avec Dédèle. Après tout c'était une femme, elle devait regarder tous les hommes au travail de cette manière. Cela parassait logique à Bec-Salé, car avec le mari qu'elle avait, elle devait trouver tout homme qui n'était pas le sien exceptionnel. Mais tout de même, elle pourrait essayer d'être un petit peu plus discrète, ne pas regarder aussi fixement Gouget et regarder un peu Bec-Salé de temps en temps. Gouget recevait la flamme dans le visage, ses cheveux frisaient sur son front d'un façon idiote, sa barbe jaune et bouclée n'était pas avantageuse. Tout était jaune chez ce forgeron ce qui, d'après Bec-Salé, n'était pas très viril. Et puis il tapait encore Fifine, avec ses cheveux vraiment trop blonds, son cou trop blanc comme celui d'un enfant, sa poitrine trop vaste pour être enlacée, ses bras trop gros pour être beaux et trop musclés pour qu'il soit doux. Ses mouvements paraissaient à Bec-Salé peu fluides, et peu naturels. Il devait commencer à fatiguer depuis le temps qu'il avait commencé. Bec-Salé n'aimait pas la façon de travailler de Gouget pourtant il ne détournait pas les yeux, et