La notion de génération est un terme polysémique selon les disciplines. Pour les anthropologues, il renvoie à une position dans une lignée généalogique. Pour les démographes, il se superpose à la cohorte de naissance comme l’ensemble des personnes nées durant la même année civile. La pyramide des âges produit alors une image instantanée de la population mais également sa profondeur puisque toutes les générations sont empilées et les évènements marquants d’une génération, les guerres notamment, se répercutent en cascade. Les historiens conçoivent la génération comme une unité de base du temps historique, de singularisation des périodes. Le temps historique étant ainsi constitué d’un enchaînement successif de générations. Les sociologues enfin définissent la génération comme « un ensemble d’individus de même âge, repérables par un état d’esprit et un style de sensibilité particuliers mais surtout par un fort sentiment de communauté intellectuelle que leur a procuré une expérience historique partagée ». L’organisation des relations sociales peut être ainsi décodée à partir de ce concept.

La notion de génération opère essentiellement comme un mode opératoire de classification, qui « sert à fabriquer des repères face à l’accélération des changements et la perte de mémoire » mais qui est l’objet d’une construction rétro prospective et sélective (ATTIAS DONFUT 1995). Peut-on à travers cette notion et ses concepts connexes dégager des règles de fonctionnement, des effets d’âge et de génération qui signeraient fortement nos comportements et nos trajectoires de vie ?

Le sociologue allemand MANNHEIM désigné comme la référence contemporaine sur cette problématique récuse l’étalonnement des générations et s’émancipe d’une conception positiviste du devenir historique et naturaliste de l’enchaînement des générations. Pour ce faire, il distingue des générations potentielles constituées par des individus nées la même époque mais qui n’émergeront pas en tant que corps social