Eglise et etat
Les initiateurs de la loi de 1905, aussi bien Jean Jaurès que Ferdinand Buisson, et Aristide Briand avaient une connaissance de l'évolution des rapports entre religion et politique en Occident. Le christianisme primitif avait introduit la distinction entre le temporel et le spirituel : « Rendez à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu » aurait dit Jésus-Christ aux Pharisiens (Mathieu, XXII, 15, 21). Mais l'Église catholique triomphante a bien vite et pour très longtemps prôné l'alliance du trône et de l'autel. Dès le baptême de Clovis et jusqu'à la Révolution, pendant treize siècles, le royaume de France fut un État confessionnel.
Dans la France d'Ancien Régime,le catholicisme était la religion du roi et de l'État, même si l'Église restait sous l'autorité du Souverain pontife. En conséquence, le clergé etait le premier ordre dans le royaume et avait des privilèges exceptionnels ainsi que des fonctions reconnues. Immensément riche, il avait en charge l'exercice du culte et l'assistance aux pauvres. Et au nom de l'autorité du dogme catholique, il avait le monopole de l'éducation et contrôlait les universités, les écoles et les livres. L'Église n'admettait aucune liberté de pensée et de religion et imposait à tous les sujets les « devoirs envers Dieu ».
Cependant, la France fut le premier État à rejeter la prétendue souveraineté des papes sur les rois et les nations. Dès le conflit entre Philippe le Bel et le pape Boniface VIII, la monarchie française impose l'autonomie du pouvoir politique face au pouvoir spirituel de la papauté. Et Louis XIV fera proclamer en 1682 dans la Déclaration des Quatre Articles que « les papes n'ont reçu de Dieu qu'un pouvoir spirituel » et que « les rois et princes ne sont soumis dans les choses temporelles à aucune puissance ecclésiastique ». Ainsi furent formulées les « libertés gallicanes ». Les rapports entre ces deux pouvoirs étaient distincts, mais non séparés, et réglés par des