Eloge de l'oisiveté
Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique (1932) [2002]
Éloge de l’oisiveté Traduit de l’anglais par MICHEL PARMENTIER
Un document produit en version numérique par Claude Ovtcharenko, bénévole,
Journaliste à la retraite près de Bordeaux, à 40 km de Périgueux
Page web. Courriel: c.ovt@wanadoo.fr Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"
Site web: http://classiques.uqac.ca/ …afficher plus de contenu…
J’espère qu’après avoir lu les pages qui sui- Bertrand Russell, Éloge de l’oisiveté (1932) [2002] 6 vent, les dirigeants du Y.M.C.A. 1
Avant d’exposer mes arguments en faveur de la paresse, il faut que je réfute un raisonnement que je ne saurais accepter. Quand quelqu’un qui a déjà suffisamment d’argent pour vivre envisage de prendre un emploi ordinaire, d’enseignant ou de dactylo par exemple, on lui dit que cela revient à ôter le pain de la bouche à quelqu’un d’autre et que c’est donc mal faire. Si ce raisonnement était valide, nous n’aurions tous qu’à demeurer oisifs pour avoir du pain plein la bouche. Ce qu’oublient ceux qui avancent de telles choses, c’est que normalement on dépense ce que l’on gagne, et qu’ainsi on crée de l’emploi. Tant qu’on dépense son revenu, on met autant de pain dans la bouche …afficher plus de contenu…
Dans un monde où personne n’est contraint de travailler plus de quatre heures par jour, tous ceux qu’anime la curiosité scientifique pourront lui donner libre cours, et tous les peintres pourront peindre sans pour autant vivre dans la misère en dépit de leur talent. Les jeu- nes auteurs ne seront pas obligés de se faire de la réclame en écrivant des livres alimentaires à sensation, en vue d’acquérir l’indépendance financière que nécessitent les œuvres monumentales qu’ils auront per- du le goût et la capacité de créer quand ils seront enfin libres de s’y consacrer. Ceux qui, dans leur vie professionnelle, se sont