ENEIDE
1- La vision nocturne d’Enée peut être associée largement à une mise en abîme de la propre situation du héros.
En effet, le rêve comporte des précisions qui enterre tout doute sur l’identité des personnages : le « fils de déesse » ne peut être qu’Enée fils de Vénus, vu comme un « insensé » en proie à l’amour ; « elle », « la femme qui incessamment varie et change » symbolise Didon, personnifiée comme une menace au projet d’Enée.
De plus, la situation temporelle de la vie d’Enée correspond à la période du rêve, puisque le « tu » de Mercure « s’abandonne au sommeil » alors qu’Enée « goûte au sommeil sur son navire ». De la même façon, il s’agit pour « tu » et Enée du moment précédant un départ, un voyage, une fuite. Pour Enée, il s’agît de fuir Didon pouvant freiner sa mission divine, pour « tu » il s’agît de fuir une femme. Dans les deux cas, la femme représente un danger, qui « roule dans sa poitrine des rues et crimes farouche », telle des « torches menaçantes ». Enfin la vie de voyageur d’Enée ne pouvait être conseillé que par Mercure, Dieu des voyages et du commerce.
La situation géographique comporte également des similitudes. Dans le mythe et dans le rêve, la fuite doit se faire par voie maritime. De façon plus symbolique encore, la passion de la femme emprunte le champ lexical de la mer telle une « flotte voguant sur la houle diverse de ses ressentiments ». Ainsi, Enée comprend, à son réveil que le personnage de Mercure conseillé correspond à sa propre conscience qui lui intime de prendre la mer en profitant des « zéphyrs favorables » pour fuir « en hâte, tant qu’il peut se hâter encore ».
2- Pour les anciens, le rêve avait une place toute particulière car ils étaient interprétés comme un reflet de la réalité. Négatifs, ils étaient le présage de mauvais augures et les hommes agissaient en fonction pour conjurer le sort.Positifs, ils étaient un message d’espoir ou de protection divine. De la même façon que les Anciens lisaient