Est-il absurde de désirer l’impossible ?
Où pourrait-il bien nous mener le fait de désirer l'impossible ? Il semble au premier abord déraisonnable de cultiver un tel désir. Et même plus, cela semble bien absurde, dénué de sens, puisque être animé d'un tel désir nous condamnerait à l'insatisfaction nécessaire, c'est-à-dire au malheur. En effet, on peut définir le bonheur, en première approche, comme l'état de satisfaction pleine et entière de tous les désirs d'un être.
Cependant, peut-on échapper au désir de l'impossible ? Le désir ne porte-t-il pas en lui la démesure, l'excès qui le pousse au toujours plus ? Le propre du désir n'est-il pas de se porter sans cesse au-delà du possible, de l'accessible qui, dès lors qu'il nous apparaît comme tel ne nous semble plus désirable ?
Autrement dit, il faut se demander s'il est totalement insensé de désirer des objets au-delà de ce qu'il est possible d'atteindre actuellement ou si ce type de désir n'est pas constitutif de l'existence humaine.
Pour répondre à cette interrogation, nous nous demanderons pour quelles raisons il peut sembler absurde de désirer l'impossible, puis nous nous demanderons s'il est possible de ne pas désirer l'impossible afin de voir dans dernier temps s'il est possible de concevoir une vie humaine sensée gouvernée par un tel désir.
1- Désirer l'impossible nous condamne au malheur
a) Si, comme le suggère Aristote dans l'Ethique pour Nicomaque, « tous les hommes tendent naturellement vers le bonheur », il pourrait sembler absurde de désirer l'impossible. En effet, un tel désir nous condamnerait à l'insatisfaction permanente et définitive. Si l'on considère que le bonheur réside dans la tranquillité et la plénitude qui résulte de la satisfaction de tous nos désirs, alors désirer l'impossible nous couperait définitivement du Souverain Bien de l'existence.
b) D'autre part, quel sens cela aurait-il de passer sa vie à poursuivre un but inaccessible par essence ? La puissance humaine a des limites. Désirer l'impossible