Ethique chez r. steiner
Tout homme, qui observe son existence, peut voir la nature à l'oeuvre dans son corps. Par l'observation du contexte social de sa vie, il lui est possible de découvrir tout ce qu'il doit à d'autres êtres humains. Mais quels que soient les influences, les déterminismes, l'homme se découvre aussi "séparé" de la nature et de la société. Il se perçoit alors comme irréductible à tout ce qui l'entoure. Être naturel et social, il prend conscience de lui-même en tant qu'entité capable de s'interroger sur la nature de son être et le sens de son agir.
En étudiant cette nature, il se perçoit comme être pensant, ce qui fonde son identité spirituelle. Déployant sa pensée de façon autonome, il éprouve sa liberté fondamentale. S'interrogeant ensuite sur le sens de son agir, il se demande quelle est la manière de fonder une morale inséparable du niveau de conscience qui lui a permis de se reconnaître en tant qu'être spirituel libre; il se dit:"D'où vient la moralité à l'individu pensant qui aspire à la liberté?"
Elle ne provient pas de la nature qui, en l'homme, agit comme une nécessité. Se fonde-t-elle plutôt sur des lois? Dans la mesure où elles sont déterminées par des circonstances extérieures, les lois ne peuvent constituer la source d'une impulsion morale. En effet, c'est de l'intérieur de l'âme humaine que naît l'aspiration à agir selon sa propre volonté. Et c'est le noyau de l'âme, en tant que réalité d'esprit, qui peut se lier à une impulsion qu'il juge bonne. Ce sont là des faits d'expérience. Dès lors, des lois morales n'ont de sens que si l'homme fait "individuellement l'expérience de l'essence spirituelle contenue dans ces lois" (1). Ainsi, il ne peut y avoir de morale vraiment humaine que celle que se donne librement l' individu qui reconnaît un précepte éthique, conforme à sa nature spirituelle. Dans cette perspective, la morale ne peut jamais s'imposer de l'extérieur à un homme libre. Celle qui s'impose correspond à la