Jaques le fataliste
1. Rousseau et l´écriture autobiographique: de la confession à la rêverie.
Ce sont les dernières œuvres de Rousseau qui présentent un caractère autobiographique: Les Confessions, Les Dialogues, Les Rêveries du Promeneur Solitaire. La recherche du bonheur, véritable leitmotiv du XVIIIème siècle est une constante pendant toute la vie de Rousseau, mais jusqu`à ce moment-là, les expériences sociales ne lui ont donné que du malheur: la quête du bonheur devient un repli sur soi-même, à la recherche de l´unité, de la vérité et du calme. Dans cette dernière étape de sa création littéraire, il semble avoir déjà compris que le rapport avec ses semblables est impossible, il éprouve le besoin de se retrouver soi même dans la solitude: “Me voici donc seul sur la terre, n´ayant plus de frère de prochain, d´ami, de société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord unanime. Ils ont cherché dans les raffinements de leur haine quel tourment pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont brisé violemment tous les liens qui m´attachaient à eux. J´aurais aimé les hommes en dépit d´eux-mêmes. Ils n´ont pu qu´en cessant de l´être se dérober à mon affection. Les voilà donc étrangers, inconnus, nuls enfin pour moi puisqu´ils l´ont voulu. Mais moi, détaché d´eux et de tout, que suis-je moi-même? Voilà ce qui me reste à chercher”. (Première Promenade)
C´est dans la biographie de Rousseau qu´il faut chercher les sources de ce sentiment de refus. Depuis 1762, les évènements de sa vie personnelle sont d´une adversité croissante. Rousseau a publié en 1761 La Nouvelle Héloïse, Le Contrat Social et L´Émile, et en 1762, La Profession de foi du Vicaire Savoyard qui irrite le Parlement. Décrété de prise de corps, il passe en Suisse. Il connaîtra à partir de là des années de vie errante. Chassé de ses asiles successifs pour des raisons religieuses, il s´installe à Motiers où il