Gargantua chapitre 57
Gargantua formé à l’époque de Ponocratès se révèle comme étant un monarque éclairé qui est à l’origine d’un projet extraordinaire: la construction d’une abbaye telle qu’en rêvait tous les humanistes. Les Télémythes y vivent à l’écart du monde réel et suivent des règles qui ne peuvent s’appliquer qu’à eux.
I- La règle des Télémythes
A) « Fay ce que voudras »
-Règle énoncée de façon à déstabiliser (car cela semble être une apologie / un éloge de l'anarchie). Cette règle offre une liberté totale et dénonce aussi, implicitement, toute sortes de règles, comme celles qui régissent les abbayes du monde réel. C’est l’anarchie qui semble annoncée. Les Télémythes semblent assouvir sans contrôle tous leurs loisirs (mais nous verrons qu'il n'en est rien car ils sont « courtois », terme qu'il conviendra de définir). → idée paradoxale (paradoxe = idée contraire a l'opinion commune / opinion partagé par la plupart des gens à une époque donnée)
-Mais pour Rabelais, cet énoncé d'un paradoxe n'est pas un simple jeu visant à agacer le lecteur. Au contraire il témoigne d'une grande cohérence dans la pensée de l'auteur relative à l'éducation de l'homme : cette façon de vivre se rapporte en effet à la vie de Gargantua éduqué par ses professeurs au début du roman. L'épisode que présente notre extrait se présente ainsi comme une insistance de Rabelais sur le bien fondé de cette éducation.
-Insistance qui se retrouve encore au sein même du passage puisque l'idée d'une absence de contrainte est comme martelée avec la répétition de « nul » et le verbe « forcer » rappelant donc la formule de l’abbaye. La seule règle établie est donc que chacun agisse à sa convenance en toute liberté.
B) Qui sont les Télémythes ? Une élite
-La règle énoncée ne s’adresse qu’aux Télémythes: de jeunes bons par nature et par éducation.
-Ces jeunes sont attirés par le bien et la vertu: ils sont « bien nés, bien instruits, conversant en compagnies honnête