George sand
Beaucoup aimeraient qu’elle le soit ! Jamais un écrivain n’a été autant édulcoré. Paradoxalement, George Sand est célèbre, mais son œuvre est très mal connue. Le XXe siècle a été très injuste avec elle. Le camp conservateur l’a transformée en grand-mère inoffensive, en bonne “dame de Nohant”, et le camp progressiste lui en a voulu de son rejet de la Commune. On a voulu retenir que l’aspect “bleuette” de son œuvre, comme La Petite Fadette, alors que ses romans bouleversent les normes et posent des questions importantes. Par exemple, La Mare au Diable, qui met en scène une histoire d’amour entre un homme de 30 ans et une gamine de 15 ans, est totalement amoral. La Ville noire, publiée vingt-cinq ans avant Germinal, met en scène des ouvriers. Laura ou le voyage dans le cristal est un grand récit fantastique, publié bien avant les romans de Jules Verne. Le Péché de Monsieur Antoine, à travers l’histoire d’un industriel qui détruit l’écosystème, pose une bonne question : “Faut-il domestiquer la nature au nom de la rentabilité ?”
Le grand public connaît surtout ses romans. Qu’en est-il de ses autres écrits ?
On oublie effectivement trop souvent les autres aspects de son œuvre, notamment épistolaire. À ce jour, on a recensé quelque 30 000 lettres de George Sand ! Sa correspondance avec Flaubert est l’une des plus belles qui soient, où les deux écrivains s’opposent sur la place de l’artiste dans la société. Flaubert, élitiste, est un adepte de l’art pour l’art, quand George Sand insiste sur le rôle social de l’artiste. Ses écrits politiques sont importants. Elle est d’un optimisme incroyable, elle croit au progrès social. Elle a été la grande instigatrice de 1848. Elle a fondé avec ses propres deniers les journaux L’Éclaireur de l’Indre et La Cause du Peuple. Elle a aussi laissé vingt-cinq pièces de théâtre, qui sont sans doute la partie de son œuvre qui a le plus vieilli, des carnets de voyage,