En 1434, le peintre flamand Jan Van Eyck signe un curieux tableau, le portrait en pied d’un couple, dans un intérieur bourgeois. L’identité de ce couple mais, bien au-delà, le milieu dans lequel il évolua fera l’objet de notre leçon d’aujourd’hui qui prendra l’allure d’une véritable enquête. Historiens de l’art et historiens se sont en effet penchés sur ce tableau qui demeure partiellement une énigme. Je commencerai par souligner l’importance de ce tableau pour l’histoire de l’art puis je me centrerai sur les Arnolfini, dont les activités peuvent être considérées comme représentatives de celles des marchands étrangers du grand centre d’échanges qu’était Bruges au XVe siècle et enfin je terminerai par quelques indications sur la vie quotidienne dans ces milieux privilégiés.

I. Commençons par décrire ce tableau qui marqua un tournant dans l’histoire de la peinture européenne C’est une peinture à l'huile, sur un support en chêne, d'une dimension de 82 cm x 60. Son auteur s’est clairement identifié en la signant et en la datant. Il s’agit de Jan Van Eyck, l’un des artistes les plus reconnus du moment en Flandre. Il était né à Maastricht vers 1390 et exerça principalement à Bruges où il travaillait pour le duc de Bourgogne mais aussi pour une clientèle privée d’établissements religieux et de particuliers. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des maîtres, sinon le maître d’une école appelée « les Primitifs flamands », un nom parfaitement inapproprié car leurs œuvres n’ont rient de primitif ! Parmi les œuvres les plus célèbres de Jan Van Eyck :
- en collaboration avec son frère Hubert, le retable de l’Agneau mystique conçu pour l’église Saint-Bavon de Gand où il se trouve encore
- la Vierge au chancelier Rollin, conservé au Louvre
- la Vierge au chanoine Van der Paele L’œuvre représente un couple richement vêtu dans un intérieur cossu, l’homme tenant de sa main gauche la main de la femme tandis qu’il lève la main droite, dans un geste qu’il