Globalisation et inégalités des pays émergents
Pierre-Noël Giraud, Jean-François Huchet et Joël Ruet
Les concepts d’individus compétitifs et protégés, et d’acteurs capitalistes nomades et sédentaires, proposés par Pierre-Noël Giraud1, permettent d’analyser la dynamique des inégalités induites par le processus de globalisation en cours dans les pays émergents. Les « nomades » sont des sociétés – de l’entrepreneur individuel aux firmes en voie de globalisation – qui créent des rapports de coopération et/ou de compétition entre individus de différents pays – que nous appellerons territoires. Les firmes sédentaires font la même chose, mais uniquement à l’intérieur d’un seul territoire. Au sein d’un territoire soumis à un processus d’ouverture et mis en compétition avec d’autres territoires par des acteurs nomades, on peut distinguer dans la population active deux groupes d’individus, les compétitifs et les protégés. Les compétitifs sont ceux que les nomades mettent en compétition directe avec des individus situés dans d’autres territoires. Ils sont engagés dans la production de biens et de services internationalement échangeables, et ne peuvent conserver leur emploi que s’ils sont compétitifs sur le marché mondial. Les protégés sont mis en compétition, parfois de façon extrêmement sévère, par des firmes sédentaires au sein d’un même territoire. Ils ne sont en compétition qu’entre eux dans la production de biens et services d’usage local. Ces définitions posées, nous formons l’hypothèse que le premier facteur d’analyse des inégalités concerne l’évolution relative des revenus moyens, d’une part, du
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Pierre-Noël Giraud, « Comment la globalisation façonne le monde ? », Politque étrangère, 4, 2006.
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L’ENJEU MONDIAL LES PAYS ÉMERGENTS
Globalisation et inégalités dans les pays émergents. Les cas de l’Inde et de la Chine
groupe des compétitifs qui affrontent et tirent parti de la globalisation, et, d’autre part, du