Guitare
Monsieur Claude Picasso a confirmé l'authenticité de cette oeuvre.
Cette oeuvre appartient à la série de nature mortes de petit format débutée par Picasso au cours de l'été 1919 à Saint-Raphaël et dans lesquelles l'artiste se plaît à faire cohabiter cubisme et réalisme. En effet, si l'on retrouve des éléments quasi symboliques du cubisme analytique tels que le compotier, la bouteille et la guitare, l'environnement de ces objets, soit la table, la fenêtre ouverte sur le ciel et la mer, le balcon en fer forgé et les rideaux, est traité de manière néo-classique. On peut supposer que la douceur de vivre méditerranéenne, la paix retrouvée après cinq années de guerre, amènent Picasso à faire entrer la lumière dans ses compositions. Les coloris froids du cubisme analytique laissent alors place à des tons chauds et doux.
La nature morte, placée devant la fenêtre et encadrée par des rideaux semble être au centre d'une mise en scène. Ce traitement est à mettre en relation avec les recherches alors récemment menées par Picasso pour le décor de la pièce de théâtre Le Tricorne. Cette collaboration avec le monde du spectacle l'a amené à réaliser de nombreuses maquettes en papier matérialisant ses réflexions sur l'espace et le jeu de relation et d'opposition entre intérieur et extérieur. Réflexions qui se prolongent dans le tableau où ces espaces sont liés au traitement pictural, l'extérieur étant traité de manière naturaliste et l'intérieur de manière essentiellement cubiste. Ainsi, les artifices picturaux auxquels Picasso a recours font écho à ceux du théâtre et articulent l'ensemble de la composition.
Paul Rosenberg, qui rencontre Picasso en 1918 chez Eugenia Errazuriz à Biarritz où l'artiste et sa femme Olga passent leur voyage de noces, apprécie particulièrement cette série des Balcons à laquelle il consacre une exposition dès l'automne 1919. Cent soixante sept oeuvres sur papier seront