Houelbeck
Article écrit par Gilles QUINSAT
Michel Houellebecq est né en 1958 à la Réunion. En 1985, il donne des poèmes à la Nouvelle Revue de Paris, avant de publier un essai (Lovecraft, contre le monde, contre la vie, 1991). Suivront des recueils de poèmes (La Poursuite du bonheur, 1992 ; Le Sens du combat, 1996, Rester vivant, 1997 ; Renaissance, 1999), des romans (Extension du domaine de la lutte, 1994 ; Les Particules élémentaires, 1998 ; Plateforme, 2001 ; La Possibilité d’une île, 2005 ; La Carte et le territoire, prix Goncourt 2010), un livre de photos (Lanzarote, 2000).Cette constellation apparemment disparate a un centre, constitué par les deux romans. C'est là que le style de Michel Houellebecq – une volonté apparente d'anonymat ou de banalité qui finit par rejoindre la plus extrême étrangeté, quand elle n'éclate pas en phrases d'un lyrisme dissonant – trouve sa meilleure expression. Dépeignant une humanité à bout de souffle, à la fois grotesque et pathétique, Extension du domaine de la lutte et Les Particules élémentaires semblent avoir été écrits en réaction à ce qu'on pourrait appeler une sur-fiction : celle que ne cesse de déployer, dans un bruit de fond obsédant, une société qui tient ses membres en otage dans les limites du moi qu'elle leur impose, dans le cadre d'une liberté qu'elle ne leur accorde que pour mieux déterminer le moindre geste de leur vie quotidienne. C'est pourquoi il n'existe pas de vraie intériorité chez les personnages de Houellebecq : seulement l'entrecroisement d'une parole en majeur (le discours de la publicité, la vulgate de la communication et du merchandising) et d'une parole en mineur – celle des personnages qui, en s'efforçant de répercuter la première, la parodient involontairement et en font saisir toute la barbarie. Ce n'est sans doute pas un hasard si Extension du domaine de la lutte, le premier roman de Michel Houellebecq, est paru chez Maurice Nadeau, l'éditeur des Choses de Georges Perec