Inteligent
Je voulus avancer, parler, saluer; je restai le regard fixe, la bouche ouverte, les bras pendants. Mon père s'aperçut de mon trouble et s'en amusa: "Du moins, vous saluerez, me dit-il." Mon trouble augmenta; je fis la révérence la plus gauche. "Mademoiselle, poursuivit le baron, je vous assure que ce jeune homme a eu un maitre à danser." Je fus tout à fait déconcerté*. Le baron fit a Sophie un compliment flatteur; elle y répondit modestement, et d'une voix altérée qui retentit jusqu'à mon coeur. J'ouvrai de grands yeux étonnés, je prêtais une oreille attentive; ma langue embarrassée demeurait toujours suspendue. Mon père, avant de sortir, embrassa sa fille, et salua mademoiselle de Pontis. Moi, dans un transport involontaire, je saluai ma soeur, et j'allai embrasser Sophie. La vieille gouvernante de cette demoiselle, conservant plus d'esprit que moi, m'avertit de ma méprise; le baron me regarda d'un air étonné, le front de Sophie se couvrit d'une aimable rongeure, et pourtant un léger sourire effleura ses lèvres de roses.
Nous revînmes chez M. du Portail; on se mit à table; je mangeai comme un amoureux de quinze ans, c'est-à-dire vite et longtemps. Apres diner je prétextai une indisposition légère, et je me retirai dans mon appartement*. Là, je me rappelai librement Sophie et tous ses charmes. Que de grâces! Que de beautés ! Me disais-je: sa charmante figure est pleine d'esprit, et son esprit, j'en suis sur, répond à sa figure. Ses grands yeux noirs m'ont inspiré je ne sais quoi…C'est l'amour, sans doute. Ah! Sophie, c'est de l'amour, et pour la vie!
Louvet de Couvray, Une année de la vie de Faublas
Déconcerté: troublé, ému appartement: chambre
Compréhension (6pts)
1) Quels étaient les sentiments du narrateur à la vue de Sophie? Justifiez votre réponse.
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2) Quelle était la