Jacques le fataliste, un roman polyphonique
966 mots
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UN ROMAN POLYPHONIQUE On observe trois principaux niveaux de discours :celui du narrateur et du lecteur, celui de Jacques et de son maître, et celui des autres personnages, ou qu’ils prennent en charge un récit en particulier, tels l’hôtesse ou Des Arcis, ou que leurs propos soient rapportés, tels ceux du capitaine ou de Bigre, par exemple. Souvent d’ailleurs celui qui prend en charge un récit joue le rôle de relais, ainsi, l’histoire de Mme de La Pommeraye est racontée par l’hôtesse qui la tenait de son mari qui la tenait de sa servante qui la tenait de la domestique de Mme de La Pommeraye. ; Jacques raconte à son maître l’histoire de l’agonisant qui lui a été racontée par Richard, le secrétaire de Des Arcis. Aussi le lecteur est-il souvent amené à se demander « qui dit quoi , », le narrateur lui-même feint de ne plus savoir qui parle, « Est-ce Jacques ? […] Est-ce son maître Le brouillage des repères énonciatifs est rendu plus complexe par le fait que non seulement on passe d’un niveau à un autre par simple juxtaposition, par exemple, le narrateur demande au lecteur s’il veut la suite des amours de Jacques , il imagine alors l’attitude que Jacques devra avoir vis à vis de l’hôtesse à son retour et enchaîne sur la discussion de Jacques et de son maître sur l’inconstance : « voulez-vous […] que nous reprenions les amours de Jacques ? [….] lorsque cette femme remontera Jacques[lui dira…] je vais me coucher : il faut remettre le reste à notre passage. / Le premier serment que se firent deux êtres… », mais aussi parce que parfois plusieurs niveaux de discours interfèrent. Ainsi l’hôtesse fait le récit des amours de la marquise et en même temps elle répond à son mari, à sa servante. Par ailleurs, les récits sont le plus souvent emboîtés les uns dans les autres, ainsi la narrateur commence l’histoire de Gousse, qui se combine avec celle de Prémontval et de Melle Pigeon, s’entretient avec le lecteur de la personnalité de Gousse, reprend le