Jules barni
Il était le fils d’un opticien d'origine italienne. Après de brillantes études commencées au collège royal d'Amiens et terminées au collège Rollin à Paris, il fut admis, en 1837, à l'École normale supérieure. Il en sortit, en 1840, premier à l'agrégation de philosophie, et fut nommé quelque temps professeur au collège de Reims. Il revint ensuite à Paris, et Victor Cousin, qui préparait alors une édition personnelle de ses premiers cours, se l'attacha comme secrétaire. La connaissance approfondie de la langue allemande qu'avait le jeune agrégé rendit sa collaboration particulièrement précieuse au philosophe universitaire, qui n'avait jamais lu Kant dans le texte. Jules Barni en profita lui-même pour étudier plus à fond la doctrine du penseur allemand, dont il songea dès lors à publier une traduction française.
Après être resté une année seulement auprès de Cousin, de 1841 à 1842 — c'était la durée habituelle de ces fonctions de secrétaire, récompense en quelque sorte consacrée du premier rang à l'agrégation de philosophie — il se fit recevoir docteur ès lettres, tout en enseignant successivement la philosophie au Lycée Louis-le-Grand, au Lycée Charlemagne, au Lycée impérial Bonaparte, en même temps qu'il commençait la publication de sa grande traduction de Kant. Il donnait également de nombreux articles à une revue libérale, la Liberté de penser, fondée par Jules Simon à la fin de 1847, et qui était devenue, en 1848, nettement républicaine. Il devint aussi en 1848 vice-président de la Société démocratique des libres penseurs.
Ses articles, dont l'un était intitulé le Suffrage universel et l'instruction primaire, excitèrent bientôt la défiance du pouvoir. En 1850, tombé en disgrâce, il fut brusquement envoyé de Paris au lycée de Rouen. Il se rendit à son nouveau poste, mais un peu plus