jules ferry 1885
Sa grande œuvre est intellectuelle. Le nom de Bourgeois est en effet indissociable de la doctrine dite du “solidarisme”. Comme “l’homme naît débiteur de l’association humaine”, il est l’obligé de ses contemporains mais aussi de ses aînés et de ses descendants. Le solidarisme naît de l’idée d’une “dette sociale” qui implique pour tous les individus des droits à une éducation. Pendant de ces droits, un “devoir social” est affecté à chacun. Dans ce cadre de possibilités et de contraintes juridiques, la solidarité, à la Bourgeois, “établit, en même temps que la liberté, l’égalité non des conditions, mais du droit entre les hommes”.
Pour traiter de la “question sociale” et se soucier efficacement et justement des déshérités de toute nature, Bourgeois appelle, avec des succès divers, la création, notamment, d’un impôt sur le revenu, d’un repos hebdomadaire, d’une organisation des retraites ouvrières, d’une séparation des Églises et de l’État. Il en déduit la nécessité d’une intervention de l’État pour garantir, au risque parfois de dérives tutélaires, la chaîne des solidarités.
Critiquée par les marxistes, comme petite-bourgeoise, et par les libéraux, comme attentatoire aux libertés, la doctrine de Léon Bourgeois, inscrite entre l’individualisme libéral et le socialisme révolutionnaire, va considérablement inspirer la philosophie sociale de la IIIe République et tous les débats