Juste la fin du monde , extrait de la scène i, extrait 2
Contextualisation du passage
- Première scène de confrontation à deux : Louis est avec Suzanne mais pas de dialogue pour autant. Soliloque de Suzanne qui revient sur le temps écoulé et exprime le sentiment d’abandon éprouvé par toute la famille à cause des silences de Louis. Les nouvelles qu’il donnait sont perçues comme une façon de les tenir à distance (cf. motif des cartes postales qu’il envoie, avec leurs …afficher plus de contenu…
emploi de « on » dans la subordonnée circonstancielle hypothétique, dans lequel elle s’inclut) ;
- pour intégrer finalement ce jugement à son propre discours reprenant les mots exacts de son frère : « je n’y suis pas mal » ; on voit bien qu’elle a fait sien un discours sur sa vie qui ne vient pas d’elle au départ ;
- ce mouvement d’intériorisation est visible dans la répétition de la locution « en effet » dont chaque occurrence marque une étape supplémentaire dans l’acceptation de son sort ;
- le rire de la ligne 9 peut ainsi s’entendre comme une sorte de rire nerveux ou …afficher plus de contenu…
trompe-l’oeil et la contradiction entre confort spatial (les 3 chambres pour elle toute seule) et inconfort intérieur (son chez elle n’est pas chez elle, la place qu’elle occupe n’est pas sa vraie place) ;
- Suzanne insiste elle-même sur cette distinction en l’établissant d’abord soigneusement par la répétition de « mais », la négation à valeur polémique « ce n’est pas ma maison »
(dans la mesure où elle réfute par là une affirmation qu’on pourrait lui opposer selon la logique du discours familial) et l’épanorthose qu’elle introduit, puis en la formulant explicitement à la ligne suivante (bien détachée) : « ce n’est pas pareil » ;
- si Louis reste silencieux, il permet donc au moins à Suzanne de sortir de son silence à elle puisqu’elle vient d’énoncer très clairement ce qu’elle ne peut pas dire