Juste la fin du monde, jean-luc lagarce, acte iii scène 1
Première partie, scène 3 :
De « J’habite toujours ici avec elle » à « tu dois pouvoir comprendre cela »
Suzanne, film de X. Dolan
Introduction :
La scène entre Suzanne et Louis (ou plutôt la tirade de Suzanne face à Louis) est la première des scènes intimes qui mettent le jeune homme en présence de chacun des membres de sa famille. Elle intervient très tôt dans la pièce, juste après les deux scènes qui évoquent l’arrivée de Louis et les premières …afficher plus de contenu…
Reste Louis. On comprend mieux alors l’explosion de Suzanne : la question des cartes postales envoyées par Louis ressurgit brutalement avec le démonstratif « Ces cartes postales » et l’emploi de la prolepse1. De toute la scène, c’est la seule phrase exclamative, qui traduit la rancœur de Suzanne, vis-à-vis de son frère. Se précise ici l’image idéalisée que Suzanne s’est construite de Louis : le « grand frère », qui est parti, qui voyage et qui a vu le monde. Il devient à la fois un modèle : « je les aurais collées au mur » et un moyen de se valoriser soi-même par rebond : « j’aurais pu les montrer aux autres filles ». Cependant, cette « explosion » est toute de suite éteinte, voire niée : « Bon. Ce …afficher plus de contenu…
La conclusion à laquelle elle aboutit relève alors d’une résignation en contraste absolu avec le début « Je voudrais partir » :
« je ne pars pas, je reste » : deux présents, deux même affirmations, l’une par la négative, l’autre par le positif.
« je vis où j’ai toujours vécu, mais je ne suis pas mal » : l’adverbe « toujours » à nouveau, l’emploi du verbe vivre à la fois au présent et au passé composé, et la répétition de la formule magique « je ne suis pas mal », qui justifie la résignation. D’autant que Suzanne inscrit ensuite cette résignation dans un ensemble beaucoup plus grand qui définirait sa vie de façon globale et concernerait aussi un grand nombre de