Juste
Le droit des femmes
1909-2009
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Préface Par Bernard Accoyer, Président de l’Assemblée nationale L’histoire parlementaire se focalise souvent sur les comptes rendus de séance, qui permettent de revivre les grands débats parlementaires de notre République. Or, ces discussions n’ont été possibles qu’à l’issue d’un long processus, grâce à l’action patiente et déterminée de nos prédécesseurs qui, comme les députés d’aujourd’hui, déposaient des propositions de loi, travaillaient en commission, publiaient des rapports parlementaires solidement argumentés. S’il est normal d’honorer les grands tribuns de notre histoire, il est juste aussi de saluer la mémoire de ces députés convaincus et persévérants
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qui, se saisissant des moyens et des pouvoirs mis à leur disposition, contribuèrent à faire évoluer les mentalités. De ce point de vue, le droit des femmes dans notre pays a d’abord progressé par la volonté de quelques solitaires tenaces. On sait que la France a tardé à reconnaître le droit de vote aux femmes, puisque c’est une ordonnance du 21 avril 1944 qui rend les Françaises « électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». On sait moins que cette ordonnance est l’aboutissement d’un long combat qui débute au Palais-Bourbon dans les premières années du
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siècle. Le 15 mars 1909 s’éteint Paul Dussaussoy, député
« républicain libéral » du Pas-de-Calais, qui trois ans plus tôt a déposé la première proposition de loi tendant à reconnaître le droit de vote aux femmes, en commençant par les élections locales. Ses collègues du « Groupe pour la défense des droits des femmes » prennent la relève et, le 16 juillet 1909, la Commission du suffrage universel dépose le rapport de Ferdinand Buisson, favorable à la réforme.
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Député radical de la Seine, grand pédagogue, Ferdinand Buisson compte parmi les fondateurs de la Ligue des droits de l’Homme. Pacifiste, il recevra le prix Nobel de la Paix