Kant Et Le Vivant
Kant, extrait de la Critique de la faculté de juger (1790)
Dès l'Antiquité, les philosophes tentent de décrire la vie : < Tout corps qui reçoit son mouvement de l'extérieur est inanimé ; mais celui qui le reçoit du dedans, de lui-même est animé, puisque c'est en cela même que consiste la nature de l'âme >(Platon). Aristote, après Platon, considère l'âme comme réalisation de la vie. En effet, pour lui, tout vivant possède une âme (anima) qui anime le corps. L'être vivant serait donc celui qui est animé de l'intérieur et peut être défini comme ce qui possède la propriété d'être en vie. Par conséquent, il est fondamental de définir la vie pour pouvoir définir le vivant. Toutefois, même s'il peut être aisé de considérer un être comme vivant, le problème se porte sur la cause même qui explique qu'un organisme le soit. Pour Aristote, la vie existe bien avec l'âme pour principe formel, cependant s'opposent à cette idée des pensées mécanistes de la vie qui assimilent le vivant à un système de cause à effet. Pour Descartes (1596-1650) notamment, il n'y a pas de vie dans la matière, mais uniquement des êtres vivants. Sa pensée aboutira à la théorie d'un <animal-machine> et sera étendue à l'homme par Julien Offray de La Mettrie. Cette conception déterministe du vivant s'oppose au finalisme de la pensée d'Aristote : le vivant n'a pas de but, sa trajectoire n'est déterminée que par l'action d'un rouage sur un autre. Il nous faut donc, pour définir le vivant, se demander s'il peut être uniquement assimilé à une machine, si la vie se limite à une simple force mécanique dénuée de sens ou au contraîre s'il faut considérer que les sciences doivent s'appuyer sur la réflexion d'une finalité dans le vivant et d'un <principe de vie>. Ces questions posent le problème de la nature du vivant et semblent imputables à l'application des connaissances scientifiques dans la médecine moderne : doit-on réparer ou soigner ? Pour Kant (1724-1804) dans la