La casquette de charles
Présenté par Michel Boujut
Dans la première partie de Madame Bovary, Gustave Flaubert brosse le portrait du jeune Charles Bovary, et particulièrement son arrivée comme nouveau à l'étude du soir. C'est à cette occasion qu'il décrit l'invraisemblable casquette du jeune élève, dont tous les lecteurs de Flaubert ont imaginé, depuis lors, l'objet insolite, que le professeur – "qui avait de l'esprit", nous dit Flaubert – n'hésitera pas à nommer casque.
C'est Michel Boujut (Le Jeune Homme en colère, Arléa) qui a eu l'idée de cette variation sur une casquette, et c'est lui qui présente le travail de ses amis dessinateur.
Ci-dessous le texte de Gustave Flaubert :
"Nous avions l'habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre, afin d'avoir ensuite nos mains plus libres ; il fallait, dès le seuil de la porte, les lancer sous le banc, de façon à frapper contre la muraille en faisant beaucoup de poussière, c'était le genre.
Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette manœuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux gennoux. C'était une de ces coiffures d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska, du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins circulaires ; puis, s'alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de poils de lapin, venait ensuite une façon de sac qui se terminait par un polygone cartonné, couvert d'une broderie en soutache compliquée, et d'où pendait, au bout d'un long cordon trop mince, un petit croisillon de fils d'or, en manière de gland. Elle était neuve, la visière brillait.
– Levez-vous, dit le professeur.
Il se leva ; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire.
Il