la croyance
La France à la sortie de la Première Guerre Mondiale est-elle encore une grande puissance ?
1. Un pays exsangue
Une population saignée au propre : les hommes nés entre 1870 et 1899 et qui devraient constituer le cœur de la population active ont été décimés par les pertes militaires (1,3 millions de victimes). La croissance de quarante ans est annulée. L’équilibre entre les sexes s’effondre, ce qui, ajouté au phénomène des naissances manquantes, va donner naissance aux « classes creuses » dès 1921. La guerre a donc compromis pour plusieurs décennies la croissance démographique française, d’autant plus qu’on constate rapidement qu’il n’y a pas de « baby-boom » (d’ailleurs, le terme n’existe même pas !) malgré un timide mouvement de compensation. Malgré l’apport de l’immigration, la population a vieilli, ce qui, selon Sauvy, sera responsable du blocage de croissance de l’entre-deux-guerres.
Comme au figuré : en 1919, un sentiment domine les Français : mettre fin au cauchemar et tourner la page. Un véritable mythe de l’âge d’or qu’était la Belle Epoque voit le jour ; tournée vers ce passé, la France vivra pourtant pendant vingt ans sous l’ombre de la guerre et l’obsession de la « der des ders ». Les gouvernants, qu’ils soient politiques ou économiques, ont connu pour la plupart l’horreur de la guerre (même Poincaré, qui s’est rendu passablement ridicule en inspectant les lignes françaises sans avoir prévu qu’il se ferait tirer dessus !). Les « gueules cassées » apparaissent, ainsi que d’autres groupes sociaux rendus dépendants par la guerre, veuves, orphelins, vieillards… (2 millions en tout). Les Français ont perdu confiance. Les traces de la guerre sont sensibles dans la littérature et le cinéma.
La destruction de l’appareil productif : les dommages matériels sont énormes, les traces de la guerre sensibles dans le paysage (tranchées, ravages dans le Nord et l’Est). La reconstruction ne sera achevée qu’en 1931.