La désinformation
22 avril 2011
Dix ans après la tragédie du 11 septembre, les théories du complot font plus que jamais recette. Leur succès traduit la naissance d’un conspirationnisme de masse qui se nourrit des mensonges de nos sociétés et se propage grâce à internet en défiant toutes les formes d’autorité. L’occasion d’en discuter avec Bruno Fay, journaliste indépendant, auteur du bien nommé ouvrage « Complocratie, Enquête aux sources du nouveau conspirationnisme. » (ed. du moment, 2011). Entretien.
Quelles sont, pour vous, les principales causes du conspirationnisme ? Sommes-nous naturellement amenés à douter de la parole officielle ?
Il faut commencer par dire que le conspirationnisme a toujours existé. Au XIXe siècle, la théorie d’un vaste complot maçonnique était par exemple très en vogue. Rappelons-nous aussi les faux protocoles des sages de Sion qui ont connu un large succès au début du XXe siècle. Ce n’est donc pas un phénomène nouveau. Il a toujours existé un terreau psychologique qui incite certains individus à croire aux théories du complot. Le sentiment de puissance, bien sûr, en ayant l’impression d’accéder à une vérité cachée du commun des mortels. Le besoin de trouver des réponses simples à la complexité du monde, aux mystères de la science. Une forme de « raison paresseuse », pour reprendre l’analyse de Kant, qui évite de rechercher des causes qui nous échappent en apportant des explications logiques et rationnelles en se contentant des connaissances acquises. Le refus de la fatalité et du hasard dans la marche du monde. Le besoin de réenchantement, parfois d’essence religieuse, pour comprendre notre environnement et donner du sens à l’absurde. La recherche d’un bouc émissaire, aussi. Quand la société souffre, écrivait le sociologue Emile Durkheim au moment de l’affaire Dreyfus pour