La france et l'esclavage
Michel FRAGONARD http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/frdtse/frdtse38a.html Si l’esclavage est aujourd’hui unanimement condamné, il ne faut pas oublier que, dans la plupart des sociétés, il a été un mode de production " normal ", déterminé économiquement (traduisant un état économique où la faiblesse des moyens techniques fait des bras humains la principale force productive) et, depuis au moins Aristote, idéologiquement légitimé. Dans l’histoire européenne, l’esclavage n’apparaît pourtant pas comme un phénomène continu. Il est le fondement des sociétés antiques ; l’effondrement de la civilisation romaine correspond à son affaiblissement ; et s’il subsiste pendant toute la période médiévale, il n’apparaît pourtant plus comme le rapport de production dominant, supplanté par le servage. Tendanciellement déclinant, il connaît pourtant un nouvel essor à l’aube des temps modernes.
Le phénomène s’inscrit dans un contexte particulier. A partir du début du XVe siècle, l’Europe (surtout de la Méditerranée occidentale) est marquée par un dynamisme économique et commercial, base de la Renaissance, qui, des premiers périples portugais à l’aventure de Colomb, permet l’extraordinaire élargissement des horizons par les " grandes découvertes ". Or ce dynamisme s’oppose à un lourd déficit en hommes, résultant de l’effondrement démographique qui a marqué la seconde moitié du XIVe siècle (Grande Peste).
C’est donc un besoin d’hommes, d’abord en Europe puis dans les terres nouvellement conquises, qui détermine le nouveau développement de l’esclavage, auquel l’Eglise donne une caution religieuse : dès 1445, une bulle du Pape autorise le Portugal à réduire en esclavage les peuples " infidèles "
L’Europe devient alors un vaste marché aux esclaves. Vers les ports méditerranéens convergent de multiples courants : Turcs, Russes, Bosniaques, capturés lors des affrontements avec les Ottomans ou rachetés à ceux-ci ; Barbaresques pris