En effet, que signifie finalement la fuite du temps sinon qu’il s’écoule hors de notre prise. Or, ce temps qui s’écoule ainsi, c’est le temps objectif, celui de la physique, c’est éventuellement le temps social ou historique, dont nous ne disposons pas, mais ce n’est pas le nôtre : le temps vécu. Le temps objectif ne dépend pas de nous puisqu’il nous sert à mesurer les événements afin qu’ils soient socialement disponibles. On peut souscrire à cette analyse de Bergson qui parcourt tout le chapitre 2 de l’Essai (cf. p.96-96, 102-103). Ainsi, le Parisien dans Sylvie, lorsqu’il veut savoir l’heure, ne peut user de l’horloge vieille de deux siècles que le narrateur nous décrit complaisamment, qui ne marque pas les heures parce que son mécanisme n’a pas été remonté. Il lui faut aller la demander à un concierge (Sylvie, III Résolution). En tenant compte de ce temps, il est tout à fait possible de calculer et d’arriver à synchroniser en quelque sorte ce que nous désirons et les événements. Ainsi pour le narrateur de Sylvie qui relate comment il a pu ainsi non seulement avoir la résolution de revoir Sylvie, mais également la réalisation. Ce temps objectif parce qu’il repose sur une mesure commune qu’on peut toujours améliorer selon la définition bergsonienne de l’objectivité dans sa différence avec le subjectif tout entier connu (cf. Essai, p.68) peut nous fuir en fonction de ce que nous voulons faire. Il est le temps que marque Big ben dans Mrs Dalloway, temps qui scande les événements de la journée et notamment l’empressement à préparer la réception pour qu’elle ne soit pas ratée. L’habitude des réceptions, c’est-à-dire une certaine expérience, permet de disposer. Pour ce temps, se hâter a un sens. Se hâter est possible. Est-ce le cas pour le nôtre, c’est-à-dire pour le temps vécu ?
Nul besoin de se hâter pour le temps que nous vivons. D’abord parce que sa profondeur que nous donne le passé que nous pouvons toujours évoquer – voire qui est toujours virtuellement là comme