La greffe du visage, arret
Le pari était risqué. Comme le rappelle le Pr Rodriguez en ouverture de son article paru fin avril dans le Lancet, la greffe de visage met en péril la survie du patient, alors même qu'elle ne répond pas à un besoin vital. Mais en cas de succès, elle promet d'améliorer la vie d'individus atrocement défigurés.
À la première mondiale réalisée par l'équipe du Pr Bernard Devauchelle, le 27 novembre 2005, ont succédé au moins 27 opérations recensées par l'auteur, en France, aux États-Unis, en Espagne, en Belgique, en Pologne, en Chine et en Turquie. Sur les 28 personnes greffées d'une partie ou de la totalité du visage, 25 sont encore en vie.
Malgré ces trois pertes dramatiques, la grande majorité des greffes se sont déroulées «de manière relativement sereine, surtout lorsqu'on les compare aux accidents majeurs survenus aux premiers greffés du cœur ou du foie», commente le Pr Benoît Lengélé (UCL Bruxelles), qui a opéré à trois reprises avec le Pr Devauchelle. À l'issue d'une greffe combinant, selon les cas, peau, tissus internes, os, dents, cartilage, langue, glandes lacrymales, les patients recouvrent non seulement un visage humain mais, surtout, la capacité de parler, de déglutir, de manger, de respirer par la bouche ou le