La perspective, qui repose en son fond sur un paradoxe spéculaire, n'est pas sans reste, comme le montre la place des nuages dans l'expérience de Brunelleschi

301 mots 2 pages
Paradoxe de la perspective :
- pour capter l'oeil, lui donner l'illusion de la profondeur,
- elle n'emprunte ses moyens qu'à la géométrie descriptive, qui est toute en surface.
Ce paradoxe est spéculaire car il suppose une équivalence entre le réel et sa représentation iconique (assimilée par Damisch à un reflet dans le miroir). Il est narcissique, car il laisse croire que la surface reproduit sans reste ce réel auquel elle renvoie. Les figures sont réduites à leur contour - comme dans l'histoire de Dibutade, où l'ombre de l'amant serait restée tracée sur le mur - laissant le corps vivant, la couleur ou d'autres éléments non pris en compte par la perspective à leur statut de reste ou de supplément.
Dans sa première expérience, telle qu'elle est racontée par son biographe Manetti, Brunelleschi aurait ménagé, sur le panneau miniature tenu devant les yeux de l'expérimentateur, une surface d'argent sur laquelle les nuages réels et leurs mouvements se seraient reflétés. Sur le schéma ci-contre, cette surface, au-dessus du baptistère, est en bleu - on y voit circuler des nuages noirs. Déjà Léonard de Vinci signalait que certains corps - comme le brouillard ou la fumée - semblent dépourvus de surface, de forme, de limite. Ainsi en est-il des nuages. Ne pouvant pas être projetés sur un horizon limité, ils sont exclus de la perspective brunelleschienne. Il leur est impossible de s'inscrire dans la clôture du code perspectif.

Brunelleschi n'a pas voulu figurer le ciel, mais seulement le montrer; et pour cela, il a mis en place un dispositif doublement spéculaire : le ciel se reflète sur la surface d'argent du panneau - et pour parvenir à l'oeil, il doit se refléter une deuxième fois sur le petit miroir - dédoublement qui rappelle celui de la représentation dans l'Ascension du Christ de Mantegna ou La Vierge de St Sixte de Raphaël.

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