« L’extrême politesse n’est pas ce qu’on croit. Ce n’est pas l’application indifférenciée des mêmes règles à un nombre de plus en plus grand de personnes. Ce serait là un vernis, qui risquera de craquer bien vite devant l’inimité, individuelle ou collective, le conflit ou la guerre. » La Politesse « Au fond de la vraie politesse vous trouverez un sentiment, qui est l’amour de l’égalité. Mais il y a bien des manières d’aimer l’égalité et de la comprendre. La pire de toutes consiste à ne tenir aucun compte de la supériorité de talent ou de valeur morale. C’est une forme de l’injustice, issue de la jalousie, de l’envie, ou d’un inconscient désir de domination. L’égalité que la justice réclame est une égalité de rapport, et par conséquent une proportion, entre le mérite et la récompense. » Henri Bergson distingue trois formes de Politesse : La Politesse des manières « Appelons Politesse des manières un certain art de témoigner à chacun, par son attitudeet ses paroles, l’estime et la considération auxquelles il a droit. Ne dirions-nous pas que cette politesse exprime à sa manière l’amour de l’égalité ? » La Politesse de l’Esprit En cela consiste surtout la politesse de l’esprit, laquelle n’est guère autre chose qu’une espèce de souplesse intellectuelle. L’homme du monde accompli sait parler à chacun de ce qui l’intéresse ; il entre dans les vues d’autrui sans les adopter toujours ; il comprend tout sans pour cela tout excuser. » La Politesse du cœur « Ne serait-ce point là, la politesse la plus haute, la politesse du cœur, celle que nous appelions une vertu ? C’est la charité s’exerçant dans la région des amours-propres, là où il est difficile parfois de connaître le mal que de le vouloir guérir. Une grande bonté naturelle en est le fond ; mais cette bonté resterait peut-être inefficace si la pénétration de l’esprit ne s’y joignait, la finesse, et une connaissance approfondie du cœur humain. Il y a une manière d’exprimer ses