La poésie a souvent été pensée comme illustrant la beauté et la joie de la réalité et vue comme quelque chose de positif, dans laquelle beaucoup aiment se réfugier; elle est alors considérée comme esthétique. Mais la poésie doit-elle nécessairement embellir cette réalité, ce monde réelle qui est pourtant celui dans lequel tout le monde vit? Pourquoi le poète ne témoignerait-il pas de cette routine, ces réalités sociales, événementielles ou politiques qui nous concernent personnellement et nous touchent? Puisqu'au final, en embellissant ce monde réel, il s'en éloigne et crée alors un monde qui révèlerait plus de l'utopie. Alors, même si le poète a des raisons d'embellir la réalité, il en a aussi de vouloir la montrer telle qu'elle est.

La poésie a souvent été utilisée pour embellir le monde réel et le poète s'en est servi pour s'exprimer et s'évader. Certains pensaient qu'il fallait se battre contre le temps à travers l'art de la poésie, mais son enjeu peut être aussi détourné par les sentiments du poète. Premièrement, la poésie peut être un moyen pour les poètes de s'éclipser du temps dans lequel ils vivent, puisque c'est un temps court. Le poète est alors dans un défi. Par exemple, dans L'Invitation au Voyage, Baudelaire, oublie le temps qui passe, le temps d'un songe. Il y invite sa promise à rêver avec lui d'un voyage utopique, uniquement basé sur des images fixes de paysages, inspirées de peintures, « Là [où] tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté » (embellissement accentué par cette suite de noms mélioratifs). La réalité est donc limitée par la vision du peintre, qui passe encore ensuite par les filets du poète qui propulse « [son] enfant, [sa] soeur » ainsi que le lecteur dans un hors temps. En effet, on se retrouve ici dans l'esprit (« pour mon esprit ») de Baudelaire le temps d'un poème. Également, dans le poème La matinée anglaise, Maulpoix compte l'histoire d'une « ville en ruines » qui « est morte depuis longtemps » mais où les gens