La poésie nous rapproche-t-elle du réel ?
Art pratiqué et admiré depuis des siècles, la poésie offre un large panel de fonctions, parmi lesquelles on peut retrouver la libération du poète de ses souffrances, ou simplement écrire pour faire passer le temps. Le but et l’effet produit n’est ainsi pas le même ; la réalité des maux d’un auteur ou la fantaisie d’un rêveur s’opposent largement et peuvent nous faire douter sur la véracité et l’intérêt même de l’écriture poétique. Pour éradiquer ce doute, on peut se demander si la poésie nous éloigne du réel ou si elle nous fait mieux percevoir la réalité ; ainsi dans un premier temps, nous verrons dans quelle mesure la poésie nous éloigne du monde réel, puis dans un deuxième temps comment elle nous rapproche de lavérité.
Tout d’abord, les poèmes offrent souvent des décors merveilleux, imaginaires, exotiques, qui donnent une dimension autre au poème, ouvrant sur un univers onirique et merveilleux. Cette dimension irréaliste met en scène un certain refus de la réalité en faveur d’un monde plus beau, meilleur, dans lequel les difficultés du monde seraient effacées : une sorte d’utopie poétique, un monde parfait vu par le poète comme échappatoire au monde dans lequel il vit. Par exemple, Rimbaud dans Illuminations, qui comprend Aube et Les Ponts, entre autres, évoque des moments rares qui semblent merveilleux à ses yeux, durant lesquels il peut observer la beauté de la Nature, en y convoquant des éléments tels que des fleurs, des chutes d’eau, etc. Bonheur qui est souvent interrompu à la fin des poèmes par un élément perturbateur tel qu’un rayon de soleil, décrit comme « un rayon blanc, tombant du haut du ciel » ou simplement par « il était midi », midi étant le moment où le soleil est le plus haut dans le ciel. On constate donc qu’il y a une limite de l’imaginaire dans le poème ; l’euphorie du poète n’est à chaque fois