La raison et le réel
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L•ES•S
Le rapport rationnel avec le monde
La rationalité scientifique est tardive
• Parce que nous vivons dans une société techno-scientifique, nous pouvons avoir l’impression que la rationalité à l’œuvre dans les sciences va de soi. Mais d’autres sociétés ignorent cette rationalité (lui préférant par exemple une relation avec les choses fondée sur la magie) : l’affirmation des pouvoirs de la seule raison pour connaître ce qui nous apparaît comme « réel » est singulière et tardive. • Dans sa loi des trois États, Auguste Comte a ainsi pu établir que l’esprit humain, lorsqu’il veut rendre compte du monde, est passé par trois « États » ou moments successifs : c’est d’abord l’État théologique, qui conçoit derrière chaque phénomène l’intention agissante d’une divinité. Ce premier État aura luimême évolué, d’un animisme initial (au cours duquel la raison d’être de chaque chose est trouvée dans un « esprit ») au polythéisme (où chaque divinité prend en charge une catégorie de phénomènes ou d’objets), puis au monothéisme (où un seul dieu, désormais conçu comme tout-puissant, est créateur de la totalité de ce qui existe). • Dans le second État, qualifié de métaphysique, tout ce qui survient est attribué à la volonté ou aux qualités de la Nature ellemême (elle a par exemple « horreur du vide »).
La raison doit vaincre des « obstacles épistémologiques »
Ce n’est qu’en troisième et dernier lieu que se constitue l’esprit positif ou scientifique qui, au lieu de prétendre découvrir des causes ultimes, est plus modestement soucieux du « comment », c’est-à-dire de causes proches. Cela suppose une « déspiritualisation » du réel (un réel objectivé) et une attention aux phénomènes répétitifs, qui apparaissent comme dépendant de lois. • L’accès à la rationalité scientifique ne s’effectue pas simultanément dans tous les domaines de la connaissance. De surcroît, Bachelard a montré que la connaissance rationnelle se heurte à de nombreux obstacles