La regulation par la mère des émotions narrées par les petits
Une analyse de l’interaction verbale mère-enfant met en évidence trois modes maternels de régulation : (i) la facilitation émotionnelle, qui est associée à une plus grande élaboration du thème de la séparation par les enfants ; (ii) l’omission émotionnelle active, où la mère fournit un cadre contraignant à l’interaction verbale mais qui laisse peu de place à la narration de l’enfant ; et (iii) le désengagement émotionnel, où la mère s’investit peu dans l’interaction. a régulation émotionnelle mutuelle est un processus interactif par lequel les individus contrôlent et transforment leurs expériences émotionnelles, dans le sens d’une augmentation, d’un maintien ou d’une atténuation des émotions positives ou négatives (Garber & Dodge, 1991).
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Ce processus se rencontre dans la vie quotidienne : lorsqu’une personne vient par exemple d’apprendre une nouvelle importante, comme l’obtention d’un nouveau poste de travail ou le décès d’un proche, elle s’empresse de raconter l’événement à un ami ou un parent, pour partager sa joie ou sa peine (Rimé, Mesquita, Philippot & Boca, 1991). La réaction de son interlocuteur va moduler l’émotion ressentie : une joie partagée crée un sentiment d’accomplissement ; confier sa tristesse décharge des sentiments pénibles.
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Chez l’adulte, la régulation mutuelle est en grande partie virtuelle : l’individu fait un dialogue imaginaire avec un « compagnon évoqué » (Stern, 1985). Il y a par contre un accord général pour considérer que le jeune enfant est tributaire de la régulation fournie par l’adulte (Erikson, 1950 ; Sander, 1962), et que c’est dans