La résurrection de l'hébreu
Langue héritière de trois mille ans de création continue, l'Hébreu moderne est aujourd’hui parlé par plus de huit millions d'individus à travers le monde. Pourtant, jusqu'à la création de l'Etat d'Israël en 1948, cette langue n'avait pas de foyer national et n'existait que dans sa forme religieuse et antique : l'Hébreu biblique.
L’Hébreu biblique est un ensemble de dialectes archaïques dans lesquels ont été rédigés de nombreux documents, dont le plus notable est la Bible hébraïque. Ses racines remontent à la mère des langues sémitiques, l'akkadien, qui, venu de Mésopotamie, se répand dans l'ensemble du Proche-Orient et se combine aux dialectes locaux. Il cessa d’être employé très tôt, bien avant le début de l’ère chrétienne.
Du Ier au VIème siècle après Jésus Christ apparaît une nouvelle forme d’Hébreu : l’Hébreu mishnaïque (aussi appelé Hébreu rabbinique ou langue des sages). C’est une langue vivante utilisée dans la vie courante autant que dans la littérature comme l’attestent des manuscrits retrouvés par les archéologues.
À partir du Xe siècle, c’est en dehors de la Palestine, au sein des diverses communautés juives de la diaspora que l’Hébreu survit. Dans la vie quotidienne, les juifs parlaient soit la langue du pays dans lequel ils vivaient, soit d’autres langues telles le Yiddish qui est un mélange de vieil Allemand et d'Hébreu. Ils réservaient la langue hébraïque au domaine cultuel. C’est en effet dans cette langue que les juifs de la diaspora priaient trois fois par jour et qu’ils lisaient la Torah. C’est également en Hébreu que des sages des différents pays correspondaient. L'Hébreu ancien ne doit donc sa survie qu’à la Bible.
Au XVIIIe et XIXe siècles, des intellectuels juifs, soucieux de l’intégration des populations juives dans les sociétés modernes, décidèrent de se réapproprier la langue hébraïque et de lui redonner vie.
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