L’éducation, premier phénomène social dans la vie d’un homme, est un devoir qui doit conduire l’enfant de l’animalité à l’humanité. En effet, puisque nos désirs ne sont pas réglés, il nous faut une éducation par les lois. L’éducation se révèle ainsi être une nécessité, car, à sa naissance, tout homme est un être culturellement démuni, et durant toute son enfance, il reste un animal sauvage qui a besoin d’un maître. Elle est de plus un devoir, car elle doit faire passer l’enfant de la nature à la liberté ; c’est donc l’éducation qui doit et peut réprimer notre violence naturelle et nos penchants égoïstes. Kant nous montre bien que la discipline a l’avantage de faire disparaître les " penchants animaux " au moment même où la raison individuelle n’est pas encore constituée, et ne peut donc en annuler les effets. Cet accès à l’humanité signifie la découverte des lois qui la composent : il s’agit d’habituer l’enfant à différer ses réactions spontanées. L’homme, parce qu’il se caractérise par la réflexion rationnelle, va substituer la décision mûrie et nourrie de savoir à l’automatisme de ses actes. La discipline empêche donc que l’homme soit détourné de sa destination, à savoir, celle de l’humanité, par ses penchants animaux. Eduquer et discipliner un enfant, c’est donc l’acte par lequel on dépouille l’homme de son animalité. Les hommes deviennent donc hommes par l’acculturation et l’éducation. (Bien sûr, derrière l’éducation, on trouve, non les parents, mais la société). Donc, la société, par le biais de l’éducation, exerce sa première influence sur l’individu, et s’attache à faire des hommes dignes de ce nom, i.e., des êtres humains raisonnables, libres et responsables.
Par conséquent, un homme ne devient homme que dans et par la société. Parmi les animaux, c’est bien lui le plus social, car il possède le langage articulé (le logos).n33 Cependant, la société ne se caractérise pas seulement par le langage, mais aussi par les échanges, la communication, le travail...