La société nous corrompt-elle?
Introduction : En janvier 1757, le roi Louis XV a manqué être assassiné par Robert François Damiens, armé d’un canif à deux lames. Cet attentat a bouleversé le peuple et Damiens a été jugé puis condamné à mort malgré le souhait de clémence du roi. Lors de son procès, sommé d’expliquer son geste, il invoque le fait que s’il ne s’était pas trouvé en compagnie de telle société ou que s’il avait servi d’autres personnes –il était domestique chez des parlementaires opposés au roi-, jamais il n’aurait souhaité vouloir tuer Louis XV. Plus généralement, dans le cadre des grands procès, les juges s’interrogent toujours sur le cadre de vie du criminel, les personnes qu’il a rencontrées, la société enfin dans laquelle il a vécue ou à laquelle il a été confrontée, et l’influence qu’elle a pu avoir sur la prise de décision de son acte. Peut-on alors dire que la société pervertit notre nature humaine, qu’elle nous corrompt ?
Le philosophe allemand Tönnies définit la société comme un ensemble d’individus, organisé par des institutions et réglé par des mœurs. Elle ne saurait se confondre avec la communauté. La société se présente également comme une conscience commune enracinée autour d’un même constat du présent et organisée autour d’un même projet d’avenir, d’un idéal, ce qui paraît bénéfique à l’homme. En revanche, la corruption est ce qui pervertit l’ordre, la nature en la dévoyant. Elle l’entraîne sur des chemins opposés à ceux de la nature. Son étymologie latine signifie détériorer physiquement et moralement ; la corruption nous amène donc à agir contre nous même, contre notre volonté propre. Présente à tous les échelons de la société, elle semble liée à elle presque intrinsèquement dans une recherche de pouvoir permanente, s’opposant à l’idéal commun auquel répond la société.
D’une part, la société semble permettre à l’homme de réaliser ce qu’il y a de mauvais en lui, elle corrompt sa vraie nature révélée par l’état de