Patrick Modiano
« Paris,
On recherche une jeune fille, dora broder, 15 ans, 1,55m, visage ovale, yeux gris-marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41 boulevard Ornano, Paris. »
Cet article, c’est en 1988 que je le lis, dans le Paris-soir du décembre 1941. Il déclenche alors en moi une sorte de besoin vital de savoir ce qu’il était arrivé à Dora bruder. Cette jeune fille a parcouru les mêmes rues cinquante ans auparavant et qu’elle aussi est juive.
Pendant près de 9 ans, j’ai fait mon enquête au sujet de cette jeune fille. Parfois, j’ai mis plusieurs mois jusqu’à plusieurs années pour trouver certaines informations.
CITATION LAURELINE
Grace à mon enquête, j’ai trouvé des informations sur les grandes lignes de la vie des parents de dora. Pendant 9 ans, j’ai recherché dans les commissariats des avis de recherches qui m’ont permis d’apprendre que mon héroïne avait fugué à 2 reprises. Dora bruder ne s’est pas fait recenser et n’a donc pas porté l’étoile jaune car son père le refusait.
CITATION LAURELINE
En fouillant dans les anciens registres du foyer des tourelles, j’ai aussi appris qu’elle avait été, le 13 aout 1942, transporté au camp de Drancy avec les autres femmes. Elle retrouvera alors son père dans ce camp. Tout au long de cette enquête, j’ai été dans l’obligation d’obtenir des dérogations, j’ai dû faire des demandes administratives qui parfois n’aboutissaient à rien ou à des informations que je possédais déjà.
Dora m’obsède tellement et le désespoir de ne pas avancer dans mon enquête m’envahissait lorsque j’ai eu l’idée d’écrire « Voyage de noces », une parfaite copie de la vie de Dora, qui s’était complètement insérée dans ma vie.
Finalement, jamais je ne saurais a quoi elle s’occupait, j’aurais appris les grandes lignes de sa vie et les détails resteront un secret que seule elle et ses proches