Emile Zola inscrivait crûment dans le dossier préparatoire de Nana, « en un mot, la morale est toujours celle-ci : le cul est tout-puissant ». Sans nier les différentes pulsions dominatrices générées au fil de l’œuvre par le pouvoir familial, social, politique ou religieux, incarné entre autres par la mère Muffat, le marquis de Chouard, le prince ou Monsieur Venot, c’est incontestablement le pouvoir de la femme qui est le fil conducteur de ce roman controversé de Zola. En parcourant le texte, on aperçoit nettement le processus maintes fois répété par Nana et s’achevant irrémédiablement par la déchéance de ses proies. Nous nous intéresserons plus particulièrement à cette dynamique qui fait de l’anti-héroïne un « ferment de destruction […] corrompant et désorganisant Paris entre ses cuisses de neige[1] ». Nous étudierons tout d’abord les différentes métaphores qui font de Nana, tour à tour, une bête, une ogresse, une reine, une déesse ou un mythe, afin de mieux cerner le personnage ; puis nous établirons les différentes phases du processus de destruction permis par l’étalage de sa sensualité, pour enfin nous arrêter sur le personnage de Fontan, unique rescapé « mâle » des assauts de Nana (nous omettrons en effet de l’étude du personnage de Satin, jeune « roulure » exerçant son emprise sur sa maîtresse) : cet acteur représente en effet la seule figure de vengeance aboutie de l’homme sur la femme castratrice qu’est notre reine issue des faubourgs. Cela fait, nous parviendrons à prouver que le rouge, omniprésent dans l’œuvre, plane comme le symbole annonciateur de la mort de Nana en parallèle de celle du Second Empire.
Zola reste un adepte de la symbolique classique dans Nana. Il fait de son anti-héroïne un animal guidé par sa sensualité, une Eve qui détruit l’ordre du monde par la seule force de son corps. A maintes reprises, la terminologie animalière permet de caractériser cette femme, tant lorsqu’il s’agit de sa puissance que lorsque qu’il s’agit de sa