La princesse de clèves, texte
Ceci peut vous prouver, si, pour mon malheur, vous en doutiez encore, qu’on peut être très pauvre et avoir des sentiments nobles. Au reste, j’ai à vous révèler un secret terrible ; je n’aurais assurément aucune peine à le dire à toute autre femme ; mais je ne sais pourquoi je frémis en pensant à vous l’apprendre. Il peut détruire, en un instant, l’amour que vous avez pour moi ; aucune protestation ne me satisferait de votre part. Je veux lire dans vos yeux l’effet que …afficher plus de contenu…
Une remarque qu’elle fit lui rendit un peu de courage ; Jules était plus pâle et plus tremblant qu’elle. Elle le voyait à ses genoux : « En vérité, je suis hors d’état de parler, » lui dit-il. Il y eut quelques instants apparemment fort heureux ; ils se regardaient, mais sans pouvoir articuler un mot, immobiles comme un groupe de marbre assez expressif. Jules était à genoux, tenant une main d’Hélène ; celle-ci la tête penchée, le considérait avec attention.Jules savait bien que, suivant les conseils de ses amis, les jeunes débauchés de Rome, il aurait dû tenter quelque chose ; mais il eut horreur de cette idée. Il fut réveillé de cet état d’extase et peut-être du plus vif bonheur