« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. » Ainsi s'achève la majorité des contes pour enfants, revus par les firmes commerciales de dessin animés, et de livres en tout genre. La formule générique est bien connue de tous, et elle fait partie intégrante du genre même du conte. Ainsi, il semblerait que le bonheur, la vie « heureuse » soit un but à atteindre dans la vie de chacun. Car s'il l'on choisit de voir dans cette phrase un enseignement quelconque pour les enfants qui le lisent dans un but pédagogique, alors, nous pouvons voir dans le bonheur un but. Ou, s'il l'on décide d'y voir là une simple expression propre au conte, nous pouvons tout aussi bien la considérer comme faisant intégralement parti du type même du conte, et de ce fait, le bonheur ne ferait plus parti de l'enseignement livré par l'histoire, mais de l'univers dans lequel elle en découle, entièrement merveilleux et irréel.
Le problème est donc de savoir si le bonheur est un but à atteindre pour l'homme, un idéal ( ce que nous souhaitons atteindre et qui nous donnerait entière satisfaction ) vers lequel il tend tout au long de sa vie, ou alors, un mot à forte valeur symbolique, mais n'ayant pas d'existence propre, autrement dit, si le bonheur est une utopie ( qui n'est en aucun lieu ). Pis, encore, les deux termes n'assurent pas même l'existence de ce bonheur, et ne donne aucune information quant à la façon dont l'homme doit y accéder. Ou même s'il doit y accéder. Se demander si le bonheur est une utopie ou un idéal, pose la question de l'existence du bonheur, et du rapport que l'homme entretient avec lui. Le bonheur existe-t-il ? Quel lien l'homme entretient-il avec le bonheur : si le bonheur dépend de l'idée de chacun se fait de son existence, ou alors, dépend-t-il du bien être d'une communauté entière ? Comment l'homme pense-t-il y accéder ?
Dans un premier temps, nous verrons que pour l'homme du commun, le bonheur est le résultat de la satisfaction de ses désirs, qu'il tache de