Le combat
Le combat de Gauvain et Guiromelan a prairie est plate, grande et belle. Gauvain s’élance hors de son camp, et son ennemi, là-bas, arrive sur lui au grand galop. Guiromelan porte habilement l’écu au col.
L
Ils se heurtent à la lance devant le roi et les barons. Ils se donnent de si rudes coups que leurs écus sont traversés et les cottes de mailles déchirées jusqu’à lacérer les chemises. Leur sang vermeil coule à ruisseaux. Sans s’en émouvoir, ils se frappent. Ils y mettent telle violence qu’ils sont tous deux jetés à terre à bas de leurs montures. Ils se relèvent en même temps et se ruent ardemment l’un sur l’autre. Oh chevaliers, voilà la guerre ! Les lances ont volé en pièces. Ils ont mis en main leurs épées. Ils desserrent leurs boucliers qu’ils saisissent par leurs courroies. Ils se battent avec leurs épées dont l’acier sonnent sur les heaumes ; les lames qui jettent des éclairs dépècent les boucliers et tranches de grands pans d’armures. Aucun d’eux ne recule, mais ils se pressent vigoureusement. Ils se frappent pendant toute la matinée et leurs coups ne faiblissent pas. Gauvain, le sage chevalier, ne se bat jamais volontiers. Il faut qu’il y soit obligé, mais s’il reçoit des coups d’abord, sa puissance paraît augmenter dans la suite du combat. L’heure de midi redouble son ardeur et sa force. L’épée de de Gauvain tranche et taille, celle de l’autre laboure aussi. Ils s’assaillent plus durement que jamais et l’on voit s’échauffer leur lutte. De si durs assauts qu’ils se font, c’est merveille qu’ils ne s’écroulent ! Les cœurs des assistants sont gonflés par l’angoisse. On crie d’amour et de détresse. Le roi est douloureux, mais il n’ose élever la voix, ni troubler une bataille où l’honneur est en jeu. Le courage de Guiromelan est tendu à l’extrême. Gauvain l’étonne car il paraît infatigable : la bataille nourrit sa vaillance. Il frappe à étourdir son adversaire qui ne veut pas céder et revient sur lui l'épée